La qualification de « Palais social » convient parfaitement au Familistère de Guise dans l’Aisne. La rénovation, qui est une réussite, donne un éclat tout à fait particulier à cet édifice qui fut, en son temps, une véritable « machine à habiter ensemble ». Un Palais dont l’architecture est loin d’être celles des cités ouvrières comme on l’entendait au XIXè siècle.
J’ai découvert ce site le samedi 25 septembre 2010, à l’occasion de l’Assemblée générale du Cercle généalogique de l’Aisne dont je suis adhérente. Après un repas en commun dans l’un des restaurants de la ville, l’après-midi était consacrée à la visite du Familistère.
Grâce au projet Utopia, la restauration a duré une dizaine d’années. Il a permis d’ouvrir le musée remarquable qu’il est aujourd’hui.
Dans cette première partie, je vais plus m’attarder sur l’aspect extérieur des bâtiments. J’ai fait une sélection de clichés qui permettent d’avoir une vue générale de ce centre industriel. Aux alentours de la statue de Jean-Baptiste Godin, fondateur de cette « aventure », ambition d’une économie sociale,
on découvre l’habitat des ouvriers, ce qu’on appelle le Palais social
avec les trois pavillons d’habitation où était organisée la vie des ouvriers et de leurs familles.
les bâtiments réservés à l’industrie, le lieu de production, l’usine Godin sur la rive droite de l’Oise avec la buanderie, les bains et piscine, que nous n’avons pas visités.
le quartier de l’éducation (des écoles)
et de la culture avec un théâtre,
la partie « commerces » avec buvette, les économats.
C’est entre 1817 et 1888 que Jean-Baptiste Godin entreprend l’édification du Familistère, étymologiquement « lieu de réunion des familles », construit sur le modèle du phalanstère de Charles Fourier. Mais, c’est surtout en 1846 que l’essor de la ville se fait sentir avec le transfert à Guise de la fonderie et manufacture de poêles Godin-Lemaire. Sur sa lancée, son utopie de « société parfaite » avec une base productive solide, Jean-Baptiste Godin fonde, en 1880, l’Association coopérative du Capital et du Travail, Société du familistère Godin et Compagnie. C’est à ce moment que le Familistère devient la propriété collective de ses habitants.
Plus tard suivirent la construction du Pavillon Cambrai, l’aile gauche du Palais social.
Après la mort de Jean-Baptiste Godin en 1888, l'Association continue de fonctionner. En 1930 la Société du Familistère emploie à Guise 2111 personnes et 393 personnes à Bruxelles. A cette époque la population de Guise est de 7100 habitants. Presque le tiers des habitants qui vivent dans le cadre de cette propriété collective.
L’entreprise prospère notamment grâce au renom de la marque « Godin », l'entreprise se maintient parmi les premières du marché jusqu'aux années 1960. Sur le plan social, les choses restent également en l'état.
Les logements devenant très vite insuffisants pour accueillir de nouveaux ouvriers, une préférence est établie, les enfants de Familistériens devenant prioritaires pour l'obtention d'un appartement. Cette hérédité des logements entraîne des tensions, les associés apparaissant parfois comme une aristocratie satisfaite de ses privilèges et ne cherchant pas à les partager.
La disparition progressive d'un véritable « esprit coopérateur » parmi les membres de l'Association est parfois vue comme une des raisons de sa disparition en 1968.
Confrontée à des difficultés économiques, cherchant à se rapprocher avec une maison concurrente, l'entreprise se transforme en juin 1968 en société anonyme. Elle est alors intégrée dans le groupe Le Creuset. La marque Godin a aujourd'hui été transférée à la société « Cheminées Philippe ».
Les logements ont été vendus en 1968. Quelques anciens Familistériens y vivent toujours.
Demain, nous entrerons dans le pavillon central du Palais social.
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« ANGLE DE VUE »